mercredi 27 février 2013

Un autre monde

Passer de la partie indonésienne à la partie malaysienne de Bornéo, c'est comme changer de planète.
Bus de nuit au départ de Pontianak, un des salariés de l'agence de voyage parle anglais, il a du mal à comprendre ce qu'on est venu faire ici ni pourquoi les européens sont tellement intéressés pour voir des orang-outans. Il nous fera bien rire. Comme d'habitude on sera un peu l'animation de cette soirée.
Passage de frontière matinal. Première surprise il y a des panneaux "stop" le long de la route, entre autre signalisation routière. Une gare de bus équipée de fast foods. Retour à la réalité. Seconde surprise, il y a beaucoup de touristes à Kuching. Le chauffeur de taxi nous trouve un charmant bed&breakfast. Quelques jours de repos bien mérités, premier repas au Mc Donald's, pour oublier le riz. L'occasion de faire réparer mon mac qui n'a pas apprécié le transport par la poste indonésienne - ou la dernière nuit dans le bus, je ne saurai jamais. Mon appareil photo est tombé en marche tout seul. Ou plutôt il retrouve son état d'avant la jungle : ouverture de l'objectif semi manuel. Mr Chang (nom d'emprunt) ne fera qu'un petit nettoyage rapide.
Aucune photo de Kuching, nous n'avons pas trouvé cette ville très attractive et nous n'étions surtout pas là pour visiter. Transit seulement. Moukthar nous avait parlé d'un aéroport international à Kuching, comme dit l'agent de voyage que nous croiserons, "nous avons un aéroport international, mais nous n'avons pas de vols internationaux". Tout du moins très limités. Alyssa part au Cambodge (via KL), je me dirige aux Philippines. Le vent est au rendez vous la semaine prochaine. Sans grande surprise il n'y a pas de vol direct Kuching -> Manille. "Si vous passez par la case départ..." Retour à Singapour.

Si je ne peux pas montrer la ville, j'ai la photo de Mr Chang, je retrouverais sa photo test dans ma carte mémoire un peu plus tard. Je ne m'y attendais pas vraiment.



dimanche 24 février 2013

Sortir de la jungle...

On se croyait sorti d'affaire. C'était sans compter sur le retour en bateau qui nous réservait de nouvelles aventures. La distance qui nous sépare de la première ville - et des transports "routiers" - est de 145km. L'équipe se compose du boatman, son assistant, sa femme qui sera en charge d'écoper l'eau et du bébé, 1 an / 1 an et demi, l'âge suffisant pour tenir debout sur les rochers.
Ils n'ont pas l'occasion d'aller souvent en ville, donc lorsqu'une bande de touristes paye les frais de transport, ils en profitent pour quelques courses en famille, faire le plein de carburant pour faire tourner le groupe électrogène du village (de nombreuses de karaoké en perspective). On démarre vers 11h. "Nice rapids" dit-il... On va vite pouvoir s'en rendre compte.
Le premier passage délicat nous sidère, je ne comprends toujours pas comment ils font pour remonter la rivière. Quelle motivation pour habituer dans un endroit si reculé! Dépose du moteur, glisse du long boat sur les rochers et rondins de bois, ils poussent de toute leur force. Ces mecs sont taillés dans le roc, pas un gramme de graisse, pas de gonflette, un sens de l'équilibre hors pair, impressionnant. Il remonte le moteur et nous repartons.
Second passage délicat et c'est le drame. Une latte du bateau casse sous leur force, il chavire et le chargement finit à l'eau. Grâce à je ne sais quel élan de prévention j'avais pris mon sac avec moi, nous voyons néanmoins passer de nombreux objets, chapeaux, jerricanes vides, nos flip flops, Balzac et Tom Robbins se noient, le réservoir d'essence, ce qui est plus gênant pour la suite. Qu'à cela ne tienne, ils rament jusqu'à ce qu'on retrouve le réservoir, ils empruntent une pompe à des mineurs et c'est reparti.
La femme du boat man redouble d'effort mais l'eau rentre maintenant plus vite dans le bateau qu'elle ne ressort. Pas de problème, ils s'arrêtent au prochain village et change de bateau.
Le fleuve est moins accidenté, le moteur de 40 chevaux ronronne tout l'après midi. Tombée de la nuit, énième remplissage du réservoir et il ne redémarre pas... Notre boat man sort sa clé de 12 et commence à démonter le capot, la bougie, séance mécanique. On commence à s'inquiéter, la femme aussi, nous n'avons pas entendu son bébé de toute la journée. Une lumière borde la rivière, on s'imagine déjà être accueilli par une famille pour la nuit. Non non, il emprunte juste une clé qui lui manquait, le moteur repart au bout d'une heure. "Vous avez des lampes ?" on prête nos deux lampes frontales qui lui suffiront pour éviter d'imiter le titanic sur la rivière. La casse du bateau, les pannes mécaniques, la nuit, rien ne les arrête. Nous arriverons après 12 heures de trajet à destination. Juste à temps pour un repas bien mérité.
Cette fois nous sommes sûr que c'est la dernière soirée avec Moukthar. La journée du lendemain nous réserve 16 heures de voiture. Un seul chauffeur qui les enchaîne sans sourciller, des routes comme des montagnes russes. Nous arrivons à Pontianak à 3 heures du matin, on se fera déposer dans un des hotels le plus cher de la ville. Bonheur de retrouver ce confort standardisé. Nous faisons nos adieux à Moukthar non sans essayer de lui faire comprendre ce qui ne va pas, mais comme d'habitude ca lui passe au dessus de la tête. Il nous reste à récupérer nos sacs à la poste le lendemain, quelques frayeurs en perspective et direction la Malaysie. Kuching possède, paraît-il, un aéroport international...

samedi 23 février 2013

En vie mais usé

Les Dayak du premier village rencontré nous accueille pour la nuit. Le poulet se débat, je m'imagine déjà une cuisse bien dodue dans mon assiette. Comme à l'accoutumée il servira plutôt à préparer un bouillon et aromatiser le riz... beaucoup de bouches à nourrir. Séance photos du musée des horreurs, nos pieds ont l'air d'avoir 80 ans, ils n'ont pas apprécié les 8 jours de randonnée dans l'eau. Un mois plus tard les cicatrices des sangsues sont toujours là. Impassibles, les habitants du village sont devant un dvd de karaoké, quand le groupe électrogène le leur permet. Nous rencontrons ce soir là le boat man qui nous amènera le lendemain à la prochaine ville. Nous ne sommes pas encore sortis d'affaire.



samedi 16 février 2013

Trek 19 : Jungle Trek

Moukthar avait prévu au moins 5 jours de trek dans la jungle, il avait prévenu que ca dépendait des conditions climatiques et de la hauteur de l'eau dans les rivières. Certes. Jour 1, nous sommes partis tard avec le bateau. Nous nous arrêtons au premier campement, la nuit tombe très vite dans la jungle et il s'agir de ne pas se laisser surprendre. Jour2, nous nous retrouvons effectivement coincé par la hauteur de l'eau.
- "Moukthar, tu ne veux pas essayer de traverser sans le sac ?'
- "Oui mais qu'est ce que je fais une fois de l'autre côté sans le sac ?"
- "C'est simple, tu testes, si ca passe à l'aise tu reviens chercher le sac, si ca passe pas, on sera fixé"
Non, Moukhtar préfère mettre le sac - et donc le riz - dans l'eau, séance séchage en attendant que le niveau de l'eau baisse. Les deux premiers jours sont plutôt light niveau km.
Au bout de 4 jours nous finissons les nouilles, ce sera donc régime riz nature. Comme prévu Moukhtar n'est pas un grand pêcheur. Il n'est pas non plus un campeur hors pair. Il préfère construire un abris et attendre la pluie pour savoir si nous sommes au sec. On est loin du confort de la tente. Les abris prennent l'eau et il faut partager avec les sangsues  les fourmis de 4cm et les cafards. Les nuits froides ne sont pas les plus reposantes de mon voyage.
En fin de semaine, on joue les prolongations. Moukhtar ne retrouve pas le chemin dans la jungle.
"Vous comprenez, le trek en saison humide est complètement différent en différent sèche". Je pense plutôt que ca fait 25 ans qu'il n'a pas fait ce trek, qu'il était difficile de se perdre pendant les 4 premiers jours car il "suffisait" de remonter la rivière : un trail pour couper un virage de la rivière, marcher dans l'eau, un autre trail pour couper le virage dans le sens inverse et ainsi de suite.
Après le col de la montagne Mueler - qui sépare les deux provinces Est et Ouest du Kalimantan - c'est le même principe pour redescendre. Quand il faut s'éloigner de la rivière, ce n'est pas la même. Sacré Moukhtar ! Au final 8 jours de marche seront nécessaires, joie et bonheur quand nous apercevons un village le long du fleuve. Ce n'est pas le village où nous devions terminer initialement. Qu'à cela ne tienne, nous finissons notre trek sain et sauf. Pas de panique, nous avions encore un peu de riz, de quoi tenir un jour ou deux de plus.


Photos Alyssa Jongsma - http://alyssajongsma.com

Quelques informations détaillées, le GPS a perdu un peu les pédales dans la jungle, d'autant plus qu'apparemment il n'apprécie pas beaucoup l'équateur. Raison scientifique qui m'échappe. Il perd les relevés des deux premiers jours. Au total, le trek doit comporter 70km environ. Pour les durées : marche lente, temps d'attente devant la rivière, tarif conventionnel de 2 heures pour faire un feu et cuire du riz - on arrêtera le déjeuner au bout de trois jours - ou opérations chirurgicales de Moukhtar pour enlever ces 25 sangsues (il randonne en short).
  • Jour 3 : 
    • Distance : 9,4 km
    • Durée :  7h
    • Elévation + : 562m 
    • Elévation - : 502m
  • Jour 4 : 
    • Distance : 10,8 km
    • Durée :  9h45 
    • Elévation + : 1014m 
    • Elévation - : 503m
  • Jour 5 : 
    • Distance : 9,4 km
    • Durée :  7h 
    • Elévation + : 407m 
    • Elévation - : 875m
  • Jour 6 : 
    • Distance : 8,9 km
    • Durée :  9h 
    • Elévation + : 608m 
    • Elévation - : 684m
  • Jour 7 : 
    • Distance : 13,9 km
    • Durée :  10h30 
    • Elévation + : 844m 
    • Elévation - : 1149m
  • Jour 8 : (relevé complètement foiré concernant les dénivelés)
    • Distance : 12,6 km
    • Durée :  10h 
    • Elévation + : 673m 
    • Elévation - : 718m
La carte détaillée, Google ne veux toujours pas afficher l'ensemble des tracés. Elle permet de le situer sur l'île.


Afficher Trek 19 : Borneo Est -> Ouest sur une carte plus grande

mardi 12 février 2013

Intrusion chez les Dayak

Les Dayak sont un peuple originaire de Bornéo, catholiques et selon la légende "coupeur de têtes". Selon Moukhtar, c'est parce qu'ils sont catholiques qu'ils aiment bien les chiens, à l'inverse des musulmans. Même si ca se vérifie à Bornéo, c'est la première fois que j'entends un truc comme ca, bref.

On apprendra plus tard, en discutant avec un habitant de Pontianak - qui en sait bien plus que notre guide - que cette légende vient de deux périodes de révoltes pendant lesquelles les Dayak ont effectivement exhibé quelques têtes plantées sur des pics. Ils défendaient leur terre et leur culture.

Moukthar nous avait promis la visite d'un médecin traditionnel Dayak. "Vous n'êtes pas malade ?" "Euh... non Moukhtar, ca va plutôt bien". De toutes façons il ne le trouvera pas. Il arrivera à débusquer une fête traditionnelle Dayak, qu'une famille organise en l'honneur de leurs ancêtres. Il négocie notre présence et la prise de quelques photographies. On se sent tout de même mal à l'aise, surtout quand Moukhtar nous abandonne pendant une grosse demi heure. On ne comprend pas tout, de toutes évidences les Dayak non plus, sauf peut être le plus ancien. Heureusement qu'ils possèdent un livre pour décrire le déroulement des rituels. Ce rassemblement est intéressant et festif. Généreux de nous accueillir, de nous offrir un café, on ne s'éternise pas.


Photos Alyssa Jongsma - http://alyssajongsma.com

samedi 9 février 2013

En remontant la rivière Mahakam

Sortie du parc de Kutai, retour à Samarinda. L'objectif est de remonter la rivière Mahakam pour rejoindre le point de départ du trek. Nous emprunterons divers moyens de transport, voiture, bateaux de taille différente : ferry artisanal, long boat avec ou sans toit (le jour où il pleut évidemment), speed boat pour passer les rapide, gros bateau de transport - transport de personnes, de scooters et surtout de marchandises pour alimenter les villages situés le long de la rivière.

On ne l'a pas su tout de suite, mais le bateau de transport que nous emprunterons au bout de trois jours partait de Samarinda. Le programme de Moukhtar était de nous montrer les différents villages qui bordaient la rivière, la ville de Tenggarong, son musée! En quelques sortes, il a voulu jouer au guide touristique, haha. Ca partait d'une bonne intention, mais tous les villages se ressemblent, sans grand intérêt, on aurait pu gagner du temps. Néanmoins, on s'immerge dans l'ambience indonésienne, relax. On boit des coca et mange des bananes... frites. Ils ne manquent pas de fruit ici, mais il ne manque surtout pas d'huile et ils l'utilisent... à toutes les sauces.

La remontée de la rivière permet de découvrir le visage actuel de Bornéo et sa tragédie environnementale. La taxe Nutella se concrétise : champs de palmiers à huile à perte de vue, déforestation pour nos jardins en teck, mines de charbon gigantesques. De quoi être impressionné par la taille des barges qui descendent et remontent le fleuve. Evidemment elles dépassent largement la consommation de Bornéo. Facile de comprendre pourquoi nous n'arriverons pas à trouver de dauphins dans le fleuve. Nombre d'entre eux ont du faire une mauvais rencontre.

Quelques prouesses de Moukthar pendant ces quelques jours de transport :

  • Il oublie d'acheter le filet de pêche dans la ville où il s'équipe. On ne sait pas quoi penser : vrai oubli ou manoeuvre détournée pour éviter de nous montrer ses talents. Dernier village, on en cherchera un à sa place au cours d'une promenade. Il se retrouve pied du mur.
  • Nous ratons le bateau de transport lors de son passage. Moukthar n'a pas de montre rappelons le. Il s'en sort plutôt pas mal, nous embarquons sur un petit bateau plus rapide, qui nous permet de le rattraper. A l'abordage.
  • "Moukthar, combien de temps dure le trajet sur ce bateau ?" "Environ 6 heures". On passera la journée complète ainsi que la nuit sur ce bateau. Toujours cette formidable notion du temps.
Long Apari, dernier village avant le point de départ. Nous y resterons deux nuits, le boat man estime le niveau de l'eau trop haut pour nous emmener. Nous le croyons, nous avons tendance à faire plus confiance aux locaux qu'à notre propre guide. J'essaye de lire le plus lentement possible, je cherche à économiser quelques pages, le trip est encore long et je sens qu'on va avoir besoin de s'occuper.




Photos Alyssa Jongsma - http://alyssajongsma.com

jeudi 7 février 2013

Kutai National Park

En route pour le parc. Episode des distributeurs automatiques indonésiens, plafonnés à 150 ou 250 dollars. Pas facile pour payer la prestation d'un guide pour 15 jours. Après les guichets des banques qui refusent de donner de l'argent sur présentation d'une carte de crédit. Moukthar nous amène dans un bureau de change, alors qu'on a besoin de retirer de l'argent... sacré Moukthar.
Voiture privée et premier bateau - type long boat - pour accéder au parc, je commence à comprendre ce qui nous attend au cours de ce périple et ce qui va justifier le tarif qui me semblait initialement trop élevé.

Accueilli au refuge par l'équipe local et deux touristes hollandais. "Vous devriez partir marcher maintenant, il y a un Orang-outan mâle qui rode dans les parages. Effectivement, pas besoin d'aller très loin. Little finger, de son surnom est en train de diner à quelques mètres de là. Vu sa masse imposante il ne passe pas inaperçu quand il se déplace dans les arbres. On reste devant lui à l'observer, séance photos, jusqu'à ce qu'il manifeste son envie de diner en paix. Il est chez lui et nous sommes les intrus.

On restera deux nuits dans le parc, l'atmosphère est paisible - loin des villes bruyantes et surchargées de moto. Première randonnée dans la jungle le second jour, l'occasion de découvrir des horn butterfly (papillon à corne ?), de rendre visite à une famille nombreuse d'Orang-outan, d'apercevoir un Gibbon lors de son passage - beaucoup plus vif que ses cousins. Ils "chantent" tous les matins. Premier contact avec nos plus fidèles compagnons de route pour les semaines à venir, les sangsues. Je vais pouvoir enfin utiliser les pansements de ma trousse à pharmacie. Le hollandais nous donne quelques tuyaux pour notre trek. Il étudie les primates et a vécu au congo pendant quelques mois. Il connaît bien la jungle. Il nous offre des fèves et la recette qui va avec, remède africain contre les morsures de serpent, grâce auquel il a survécu à une morsure de scorpion.


Photos Alyssa Jongsma - http://alyssajongsma.com

"Where is Moukhtar?"

7 Février au matin. 10h20 Moukhtar est en retard. "Where is Moukhtar ?" est une question qui reviendra souvent pendant le périple. Il ne nous expliquera qu'une semaine plus tard que lorsqu'il disparaît c'est en général qu'il est en train de prier.
Aucun problème. Il suffisait de le dire. Le plus grand problème de Moukhtar, c'est l'absence de communication. Très handicapant pour un guide, après la connerie.
Premier indice : Moukhtar arrive en flip flop avec un sac de la taille d'une boîte à chaussures. "J'achèterai l'équipement au fur et à mesure que nous approcherons de la jungle".

Au final, Moukhtar N'A PAS :
  • de pilule pour purifier l'eau. Il n'en a plus au bout de trois jours. Heureusement qu'il avait des clients prévoyant
  • de montre, qui pourrait s'avérer très pratique pour décider s'il faut installer le camp ou s'il reste une peu de temps pour marcher en fin de journée
  • de lampe de poche. no comment
  • de machette 
  • de corde 
  • de boussole. on sait jamais, des fois qu'on se perde...
  • de pantalon. moins pratique que le short dans l'eau mais plus sûre avec tous nos compagnons de route, les amis de la jungle
  • n'a pas de chaussures de marche. Haha, il finira avec une magnifique paire de chaussures blanches en plastique à crampons. Pas mal. Un point pour lui, elles sècheront plus rapidement que nos chaussures Gore Tex. Seul problème il a une chaussure en taille 40 et la seconde en 41. Sacré Moukhtar...

 Encore une ou deux photos, je ne voudrais pas l'oublier.



mercredi 6 février 2013

Who is Moukthar?

C'est un peu comme dans un roman, il faut commencer par présenter les personnages. Il y a des chances que je reparle plusieurs fois de lui au cours des prochains sur ce blog. Autant le connaître.

Quelques heures de bus enfumés - tout le monde fume ici et partout bus, restaurant, hotel, chambre ou lobby. J'espère pour eux que les clous de girofle sont moins nocifs que le tabac et la nicotine. Ca reste dégueulasse à fumer... trop sucré. "Tu veux une marlboro ?" "too stong, too stong". Tu m'étonnes.

On fait donc la rencontre de Moukthar au terminal de bus de Samarinda. Peut être aurait-il mieux fallu ce jour là que le bus ait beaucoup retard. Moukthar est un mec gentil, un brave type. Ce qui signifie à demis mots gentil mais sacrément con. Cela faisait longtemps que je n'avais pas rencontré quelqu'un d'aussi con. De notre côté nous avons été bien inspiré de l'engager pour la traversée Est --> Ouest du Kalimantan. Nous avons notre part de responsabilité. Il a probablement eu ses heures de gloire en tant que guide - avant la chute du mur de Berlin.
Il a maintenant 53 ans, un peu bedonnant (capacités physiques pas optimales), court sur pattes, bras un peu long, démarche non sans rappeler celle d'un singe. Stop, vous vous dites que ces mots sont agressifs, méchanceté gratuite. Je l'admets. Mais après 3 semaines passées avec Moukthar dont 9 jours dans la jungle, j'ai l'impression de devoir lui renvoyer l'ascenseur.

Principal atout, il parle anglais. Ce soir là il nous aide à trouver un hotel et nous propose son programme. Nous feuilletons le livre de références comme si nous lisions nos cahiers de l'école primaire - avec beaucoup de nostalgie. Il y a une référence écrite en 2002 et rien d'autres après 1994. Ce n'est pas rassurant et sans intérêt commercial.
Nous sommes toutefois très intéressé par la traversée Est -> Ouest. Et il nous assure pouvoir la réaliser. "15 jours au total, 7 jours de trek dans la jungle, forêt primaire de Bornéo". Un des treks les plus aventureux de la planète. Banco. Rendez vous pris pour le lendemain.



mardi 5 février 2013

"Hello Mister"

Vol depuis Jakarta à Balikpapan. Nous sommes partis à Bornéo sans trop d'idées précises. Alyssa avait envoyé un email à WWF pour obtenir des informations sur les possibilités de trekking dans la jungle. La réponse reçue était loin d'être claire pour ceux qui ne connaissent pas l'île.
Je me suis donc rappelé juste à temps que je possédais une quantité extravagante de Lonely Planet sur mon mac. Que dit-il sur le Kalimantan ? qu'on peut y voir des Orang-outan dans le parc national de Kutai. Génial. Et il est "sur la route" de Long Pujugan ou nous invite à nous rendre le WWF.
Plan du lendemain, monter dans un bus vers le nord, direction Samarinda.

Tour en ville le soir, on arrivera même à trouver des bières dans un bar au bord de mer. Ce seront les dernières avant la fin du séjour en Indonésie. La même phrase arrive souvent à nos oreilles; "Hello Mister" "Oh ar iu?" Il n'y a pas beaucoup de touristes dans le Kalimantan, 2 blancs qui se promènent sur le trottoir bord de la route créent un peu l'évènement. Les gens nous saluent, nous sourient sincèrement. Nombreux sont ceux qui veulent prendre une photo. Je crois avoir plus de succès avec mes cheveux blonds. Une enfant dans un village nous demandera même un autographe. L'impression de vivre comme une célébrité.

Quelques photos de nos rencontres. Elles ne sont pas de moi, mon appareil photo a fait grève à Bornéo, prétextant une surcharge de sable et d'humidité. Alyssa m'autorise généreusement à utiliser les siennes sur mon blog.




Photos Alyssa Jongsma - http://alyssajongsma.com