dimanche 24 février 2013

Sortir de la jungle...

On se croyait sorti d'affaire. C'était sans compter sur le retour en bateau qui nous réservait de nouvelles aventures. La distance qui nous sépare de la première ville - et des transports "routiers" - est de 145km. L'équipe se compose du boatman, son assistant, sa femme qui sera en charge d'écoper l'eau et du bébé, 1 an / 1 an et demi, l'âge suffisant pour tenir debout sur les rochers.
Ils n'ont pas l'occasion d'aller souvent en ville, donc lorsqu'une bande de touristes paye les frais de transport, ils en profitent pour quelques courses en famille, faire le plein de carburant pour faire tourner le groupe électrogène du village (de nombreuses de karaoké en perspective). On démarre vers 11h. "Nice rapids" dit-il... On va vite pouvoir s'en rendre compte.
Le premier passage délicat nous sidère, je ne comprends toujours pas comment ils font pour remonter la rivière. Quelle motivation pour habituer dans un endroit si reculé! Dépose du moteur, glisse du long boat sur les rochers et rondins de bois, ils poussent de toute leur force. Ces mecs sont taillés dans le roc, pas un gramme de graisse, pas de gonflette, un sens de l'équilibre hors pair, impressionnant. Il remonte le moteur et nous repartons.
Second passage délicat et c'est le drame. Une latte du bateau casse sous leur force, il chavire et le chargement finit à l'eau. Grâce à je ne sais quel élan de prévention j'avais pris mon sac avec moi, nous voyons néanmoins passer de nombreux objets, chapeaux, jerricanes vides, nos flip flops, Balzac et Tom Robbins se noient, le réservoir d'essence, ce qui est plus gênant pour la suite. Qu'à cela ne tienne, ils rament jusqu'à ce qu'on retrouve le réservoir, ils empruntent une pompe à des mineurs et c'est reparti.
La femme du boat man redouble d'effort mais l'eau rentre maintenant plus vite dans le bateau qu'elle ne ressort. Pas de problème, ils s'arrêtent au prochain village et change de bateau.
Le fleuve est moins accidenté, le moteur de 40 chevaux ronronne tout l'après midi. Tombée de la nuit, énième remplissage du réservoir et il ne redémarre pas... Notre boat man sort sa clé de 12 et commence à démonter le capot, la bougie, séance mécanique. On commence à s'inquiéter, la femme aussi, nous n'avons pas entendu son bébé de toute la journée. Une lumière borde la rivière, on s'imagine déjà être accueilli par une famille pour la nuit. Non non, il emprunte juste une clé qui lui manquait, le moteur repart au bout d'une heure. "Vous avez des lampes ?" on prête nos deux lampes frontales qui lui suffiront pour éviter d'imiter le titanic sur la rivière. La casse du bateau, les pannes mécaniques, la nuit, rien ne les arrête. Nous arriverons après 12 heures de trajet à destination. Juste à temps pour un repas bien mérité.
Cette fois nous sommes sûr que c'est la dernière soirée avec Moukthar. La journée du lendemain nous réserve 16 heures de voiture. Un seul chauffeur qui les enchaîne sans sourciller, des routes comme des montagnes russes. Nous arrivons à Pontianak à 3 heures du matin, on se fera déposer dans un des hotels le plus cher de la ville. Bonheur de retrouver ce confort standardisé. Nous faisons nos adieux à Moukthar non sans essayer de lui faire comprendre ce qui ne va pas, mais comme d'habitude ca lui passe au dessus de la tête. Il nous reste à récupérer nos sacs à la poste le lendemain, quelques frayeurs en perspective et direction la Malaysie. Kuching possède, paraît-il, un aéroport international...

2 commentaires:

  1. heureusement que nous avons eu l'issue du voyage avant ! ton histoire me donne des sueurs froides..heureux que ce soit conter avec humour.quand je pense que tu etais si calme dans ta petite jeunesse.....
    j'espere que tes pieds sont gueris....bisous
    polette

    RépondreSupprimer
  2. un vrai récit à suspens !! et tellement bien écrit. Que de péripéties, mais tt est bien qui finit bien non ??

    Ca va me manquer tt ça!
    T'embrasse
    Françoise

    RépondreSupprimer